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vendredi 31 octobre 2014

Sauter une classe : petit bilan personnel ?

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Il y a 8 mois, M., alors âgé de 7 ans et demi, sautait très tardivement une classe.

Alors que ses maîtresses avaient relevé de très grandes facilité dès sa rentrée scolaire en 3ème Harmos (le CP en France) - et nous en avait d'ailleurs parlé lors de la rencontre avec les parents après 3 semaines - elles n'avaient pas jugé bon de trouver des solutions pour le stimuler, le nourrir, pour l'intéresser, tout simplement.

De notre côté, même si nous côtoyons ce petit bout d'homme depuis plusieurs années, nous avions de la peine à lui faire partager son ressenti par rapport à ce qu'il vivait à l'école.

Il était déçu, sans doute, parce qu'il croyait qu'il allait apprendre plein de choses passionnantes (c'est un peu notre faute, c'est en lui répétant cela que nous lui avons fait "tenir" les derniers mois dans sa classe enfantine), mais il ne rechignait pas à se lever le matin, ni à prendre le chemin de l'école.

C'est un petit garçon à fleur de peau, qui à vite tendance à se renfermer et à s'isoler quand les choses ne vont pas comme il veut, mais qui s'intègre assez facilement partout (sans avoir des copains attitrés). Mais c'est surtout un petit garçon qui aime et à besoin de jouer et le fait de pouvoir faire ses devoirs en 5 minutes montre en main lui convenait parfaitement parce que cela lui laissait justement le temps de faire des choses qui lui plaisaient.

Alors, en février, quand les maîtresses nous ont convoqué en catastrophe, le ciel nous est un peu tombé sur la tête.

M. ne souriait plus, ne riait plus en classe. Il ne participait plus non plus, préférant se réfugier dans ses pensées ou dans les livres.

Passé le moment où j'aurais eu envie de dire mes 4 vérités aux enseignantes (non mais, le cercle vicieux : si tout ce qui est mis en place pour occuper un enfant qui a des facilités et qui lit couramment, c'est de lui donner des bandes-dessinées à lire, comment voulez-vous qu'il arrive à rester connecter à un contenu qui n'est pas stimulant pour lui ?), nous avons décidé que c'était le moment de lui ouvrir de nouveaux horizons.

Nous en avons longuement discuté avec lui, en lui présentant précisément ce qui l'attendait, ce qu'on attendrait de lui (je parle de nous, mais aussi de son futur enseignant), le temps qui nous était donné pour atteindre certains objectifs.

Nous lui avons aussi expliqué qu'il y aurait des sacrifices, surtout en ce qui concernait le temps passé à jouer, le travail pendant les vacances et le week-end pour rattraper une partie de la matière et se mettre à niveau pour passer dans la classe supérieure à la fin du mois de juin.

Il était partant. Un peu fier aussi de l'attention qu'on lui accordait enfin. Et, surtout, je crois, il a vu ce saut comme une chance d'échapper à deux maîtresses qui ne lui convenait pas (tellement qu'on a bien dû lui expliquer qu'il ne pourrait pas sauter une classe chaque fois qu'un enseignant ne lui conviendrait pas ^^)

A la fin février, après les vacances de carnaval, il a donc intégré une nouvelle classe pour un stage de 2 semaines. Le temps pour sa nouvelle maîtresse d'évaluer ses connaissances, mais aussi sa motivation et son comportement.

Nous avons eu la chance de tomber cette fois sur une perle. Fine psychologue, attentive, qui connaissait bien le monde des enfants "précoce" (je n'aime pas spécialement ce terme, ni même le fait de catégoriser les enfants). Elle nous a accompagné avec patience, pertinence, toujours à nos côtés dans les moments de doute et de découragement (et je ne vous cache pas qu'il y en a eu).

Après ces deux semaines et un entretien avec moi, en présence de M., elle a donné son feu vert. Il a donc quitté ses anciens camarades pour se faire sa place dans sa nouvelle classe, début mars.

Pendant 4 mois, on a bossé dur lui et moi (oui, moi aussi parce qu'un saut de classe si tardif dans l'année scolaire, ça nécessite un investissement conséquent de la part des parents, moi en l'occurrence).

On a multiplié le temps des devoirs par 10 ... On s'est pris la tête parfois. On s'est fait la tête aussi. J'ai eu le mauvais rôle quand je devais lui rappeler qu'il fallait bosser. Il a été exemplaire, volontaire, ne refusant jamais de se mettre au travail même s'il n'était pas motivé. Rattraper une année de graphie, de dextérité, de règles grammaticales (même si elles paraissent simples et basiques), de conjugaison, de logique mathématique, de procédure scolaires, ça demande du temps, de l'énergie et de la patience (ce qui n'est de loin pas mon fort ... sinon j'aurais été prof ^^).

Mine de rien, je me suis rendue compte, après coup, que je lui ai mis une certaine pression. Peur de l'échec, peur qu'il soit déçu (ou peut-être que je le sois moi-même ...), peur des remarques des autres.

J'ai failli faire une crise cardiaque lors de la première évaluation après 3 semaines ... Passer de la note maximale à un résultat hors barème, ça fait peur et fait douter de la décision de sauter une classe. Mais la maîtresse a été rassurante, nous expliquant que c'était normal, que M. n'avait pas vu le programme qui était évalué, qu'il avait essayé, présenté même des résultats (dont certains corrects !) et qu'il ne fallait pas se préoccuper pour lui.

J'ai essayé de lâcher prise pour les suivantes, mais on ne se refait pas. J'espère en tout cas qu'il ne l'a pas trop mal vécu.

Alors naturellement, il reste le petit garçon rêveur qui fait battre fort mon coeur. La concentration n'est pas sa qualité première. Cela lui joue des tours, mais je ne pense pas que je peux avoir une quelconque influence sur ce trait de son caractère (je le lui envie d'ailleurs souvent ...).

Mais après 4 mois, avec quelle fierté il nous a annoncé qu'il passait dans le niveau supérieur comme tous ses camarades et il a ramené son carnet de notes, avec des résultats sensationnels quand on sait le peu de temps qu'il a eu à disposition pour se mettre à niveau.

En résumé, ce saut de classe fut intense, éprouvant (psychologiquement parlant), mais aussi valorisant et positif.

Maintenant, depuis la dernière rentrée scolaire, j'ai fait retomber la pression. Toute la classe a recommencé un nouveau cycle, M. repart de 0, comme ses camarades et j'essaye, autant que faire ce peut, de le laisser évoluer à son rythme, en le recadrant uniquement quand c'est vraiment nécessaire (genre faire 10 fautes en recopiant parce qu'on n'était pas concentré - non mais oh ^^…).

Il me paraît bien mieux dans ses baskets qu'il y a 8 mois, revient de l'école en nous parlant (enfin) des choses nouvelles qu'il a apprises, a commencé la géo, les sciences et l'histoire (qu'il adore … la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre ^^).

Je regrette parfois de ne pas avoir pris la décision du saut de classe plus tôt, de l'avoir laisser "végéter" intellectuellement parlant pendant une année, de ne pas avoir eu confiance en sa capacité d'adaptation. J'avais peur, une peur primaire qui prend aux tripes qu'il se sente encore plus seul dans un nouveau cadre, qu'il ne s'intègre pas, qu'il soit triste.

En fait, ce sont mes propres peurs, mon propre vécu, mon ressenti enfant que j'ai reporté sur lui alors qu'il suffisait "seulement" de lui laisser faire ses expériences, lui lâcher la main, lui faire confiance.

On grandit avec ses enfants, dit-on. J'en ai fait la belle expérience, même si je trouve qu'ils grandissent un peu vite ces derniers temps et si le temps voulait bien s'arrêter un peu, je n'aurais rien contre ^^

Sélection du 31 octobre 2014

5 commentaires:

  1. je retrouve tellement de mon filleul dans ce que tu décris ! <3

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  2. Quel parcours bravo à ton bonhomme et à toi aussi. Les enfants sont impressionnants. " elles n'avaient pas jugé bon de trouver des solutions pour le stimuler, le nourrir, pour l'intéresser, tout simplement." j'en discutais avec Feelily, quelle tristesse

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    1. Ses deux premières maîtresses me sont un peu restées en travers de la gorge ... J'espère que ni N., ni L. ne croiseront leurs chemins (l'espoir fait vivre ...)

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  3. Tout à fait le même parcours de mon côté pour n° 1. Au final, tout va bien mais j'ai l'impression qu'on lui a volé une année d'enfance...Le temps passe vite et encore plus vite dans de cas là !
    Régulièrement, elle me ressort qu'elle aurait préféré continuer à bouquiner tranquille en CP. Bref, le cul entre deux chaises, encore aujourd'hui même si le bilan très positif laisse à penser que c'était une bonne décision.
    Bravo à ton p'tit homme !

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    1. Maintenant, après avoir réussi à accrocher le bon wagon, je suis contente de notre décision.

      Mais pendant les quelques mois où il a fallu rattraper le retard, je ne te cache pas que j'ai douté ...

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