… selon ton coeur, car on te critiquera de toute façon - E. Roosevelt
Je ne fais pas partie des mamans qui apprécient de laisser leurs enfants afin de faire une pause, de respirer, de prendre du temps pour elles.
J'ai parfois honte de l'avouer quand j'entends mes amies, quand je lis certains blogs, même si je les comprends, que je les envie aussi parfois (je ne suis pas à une contradiction près), je fais partie de celles qui aiment avoir leurs enfants tout près d'elles.
Qu'on s'entende bien, je ne les couve pas non plus, ils ont leur vie, leurs activités, mais je me sens bien quand je les récupère et que je peux aller leur faire un bisou avant d'aller me coucher. Je me sens alors apaisée.
C'est viscéral. Et aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours fonctionné ainsi, que ce soit avec mes parents qui s'absentaient passablement, puis avec papa "petit plat" qui voyageait beaucoup. Un mal-être, une tristesse m'envahit dès que je dois me séparer de ceux que j'aime. C'est plus fort que moi, je ne profite pas, je n'apprécie pas du tout ces moments de séparation.
J'ai la boule au ventre, j'ai l'ennui et je compte les jours qui me séparent des retrouvailles.
J'essaye de le faire ressentir le moins possible à mes enfants, en prenant l'air détaché, en les encourageant à être indépendants (faites comme je dis, pas comme je fais, toussa, toussa).
Même si elles sont rares, certaines personnes peignent le diable sur la muraille et prédisent le pire développement pour mes enfants : un manque de confiance en eux, des difficultés d'intégration, des problèmes de séparation pour eux aussi, j'en passe et des meilleures.
Au risque de les décevoir, rien de tout cela pour l'instant. Tout au plus, M. est-il un peu casanier et n'aime pas beaucoup dormir à l'extérieur, mais c'est surtout une question de caractère, s'agissant d'un petit garçon très (trop) sensible.
Deux fois par année environ, j'essaye de lâcher prise et ils vont quelques jours chez mes parents qui habitent à environ 150 kilomètres de chez nous (je vous rassure, nous les voyons souvent en plus de ces deux périodes, hein !).
Ce n'est vraiment pas un moment que j'apprécie. Je fais en sorte de ne jamais être à la maison pour ne pas voir les pièces vides. Pour ne pas entendre le silence. Le bruit de mes pas qui résonne. Je me prévois mille activités pour ne pas avoir le temps de penser à eux.
Au final, je suis encore plus fatiguée que quand je dois gérer tout mon petit monde et je n'ai pas avancé d'un iota à la maison puisque je n'y suis jamais …
Je me demande souvent comment je faisais quand ils n'étaient pas là ? De quoi était faite ma vie ? À quoi je consacrais mes journées ?
Une chose est sûre : je dormais plus ^__^
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"On en peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes" Proverbe juif |
Mais cette situation me fait aussi beaucoup réfléchir. Est-ce que je m'efface trop au profit de mes enfants ? Est-ce que je les couve trop ? Les protège trop ? Quel image est-ce que je leur envoie ? Est-ce que je devrais
beaucoup plus penser à moi pour ne pas avoir des regrets plus tard ?
Car oui, j'en ai bien conscience, un jour, ils vont quitter la maison et je vais réellement devoir vivre sans eux …
Mais je crois que cette séparation se fera progressivement, chacun à son propre rythme : je les verrai grandir, s'épanouir, faire leurs propres expériences, se tromper, gagner, mûrir et, petit à petit, se détacher de moi pour que je puisse, à mon tour, les laisser voler de leurs propres ailes tout en ayant le coeur léger, car je saurai que je leur aurai donné quelques-uns des meilleurs moments de ma vie et que, surtout, j'aurai fait de mon mieux.
Quand j'y pense, mes doutes s'évanouissent. C'est mon choix, je l'assume, j'ai décidé d'être le plus possible à leurs côtés quand je pense qu'ils avaient besoin de moi
et moi d'eux (et j'ai la chance d'avoir eu ce choix, ce n'est pas le cas de tout le monde, j'en ai conscience). Viendra un moment où je serai moins indispensable et alors mes priorités changeront.