J'ai longtemps hésité avant de poster ce billet. Inintéressant ? Trop personnel ? Et j'ai pensé que dans un blog, tout ne pouvait pas être toujours tout rose, tout lisse. Qu'on peut aussi se laisser aller à quelques lignes plus révélatrices de son état d'esprit du moment. Si je plombe l'ambiance, je m'en excuse d'avance.
Je ne suis pas la fille dont ma maman a rêvé et je sais que ça la fait souffrir.
Elle ne comprend pas que j'aie changé à la naissance de mon premier "petit plat". Je ne suis pas/plus "famille" selon elle. Famille au sens large du terme, car trop famille-à-moi, apparemment.
Toutes ses amies vivent une vie parfaite avec des filles parfaites qui viennent régulièrement les voir et qui laissent souvent leurs enfants à leur maman. Une semaine, deux voir plus.
Je ne suis pas de celles-là. Et je suis responsable de sa tristesse. Elle a consulté un psy, à cause de moi (mais pas seulement, j'espère).
Les "petits plats" vont chez mes parents deux fois par année, 3 jours consécutifs. Au-delà, c'est, pour l'instant, au-dessus de mes forces. Ils ne sont pas non plus demandeurs, pour l'instant, mais ça changera peut-être.
Jamais les 4 ensemble, car je pense que ça fait beaucoup pour ma maman qui a très peu d'aide de mon papa. En général, je lui confie mes 3 petits garçons, plein d'énergie, c'est déjà pas mal de travail. Elle ne pense pas comme moi.
C'est sans compter les deux fois où nous avons dû aller les rechercher en urgence car ils pleuraient où qu'ils étaient malades. 240 kilomètres ...
Sans compter non plus, les quelques fois où nous lui avons proposé de les prendre et qu'elle a refusé. C'est son droit, mais elle vient me reprocher que je ne les lui confie jamais.
Je ne pense pas la priver de ses petits-enfants, loin de là. Mais nous vivons à deux heures l'une de l'autre. Nous allons les voir tous les mois, au plus toutes les 6 semaines. Car papa "petit plat" travaille souvent le week-end et mes beaux-parents viennent aussi nous voir de temps en temps (ils habitent à 300 kilomètres et logent chez nous). Nous les invitons régulièrement.
Ce n'est peut-être pas assez ? Nous n'avons déjà presque pas de vie de famille à 6 à cause du travail de papa "petit plat". Nous voulons garder quelques week-end pour nous et pour voir nos amis. Mais de toute façon, ça n'est jamais assez pour ma maman, toujours trop court, pas assez de temps passé avec les "petits plats", pas assez de ci ou de ça.
Mes parents vivent dans un appartement de 5 pièces et quand nous arrivons, nous campons dans toutes les pièces. Tous les uns sur les autres pendant deux jours. Papa "petit plat" est extraordinaire et ne dit jamais rien. Je sais que d'autres ne seraient pas aussi cool que lui.
Parmi mes amies peu retournent "vivre" régulièrement chez leurs parents et la plupart me disent qu'elles ne le supporterait plus. Moi je le fais. Chez mes parents et mes beaux-parents. Idem pour papa "petit plat".
Je ne suis pas non plus très proche de mon frère de 7 ans mon cadet. Pas de point commun, pas le même style de vie, ni les mêmes intérêts. Ma maman vit très mal que sa famille soit désunie. Je me sens coupable alors que je ne suis sans doute pas toujours en tort.
J'assume mal mes décisions face à mes parents : toujours peur de leur réaction, d'entendre des reproches. Je suis encore la petite fille de 12 ans qui a peur de se faire gronder. Je ne suis pas rebelle, loin s'en faut. Mais j'ai fait certaines choses à ma façon (en accord avec papa "petit plat" qui apporte aussi sa pierre à l'édifice de notre famille) et cela a très mal passé.
Moi qui passait des semaines entières chez ma grand-maman (alors que ma maman ne travaillait pas ...), je ne laisse pas mes "petits plats" aussi longtemps à ma maman. Incompréhensible. Je n'ai pas pris mon frère comme parrain d'un des "petits plats" car nous n'avons (entre autre) rien en commun. Incompréhensible (mais je les ai baptisés pour éviter une 3ème guerre mondiale - je ne suis pas assez courageuse pour assumer le fait de ne pas le faire ...). Je ne vais pas seule avec les "petits plats" chez mes parents par peur des reproches qui me tomberaient immanquablement dessus si papa "petit plat" n'est pas à mes côtés. Incompréhensible. Nous ne sacrifions pas nos vacances pour les passer avec nos parents respectifs car c'est le seul moment durant lequel nous pouvons nous retrouver les 6 ensemble. Incompréhensible.
Je me rends bien compte que je fuis les conflits plutôt que de les affronter, mais j'assume déjà tellement de choses que je ne me sens juste pas la force d'en faire plus. Peut-être que je ne fais pas assez d'efforts ? Peut-être que les choses s'amélioreraient si je le faisais ? Ou peut-être pas ?
Quand je me projette dans l'avenir, je ne sais pas comment se comporteront les "petits plats" lorsqu'ils auront grandi. Vis-à-vis de moi, de mes choix, de ma façon de faire avec eux. Je ne doute pas qu'ils auront des reproches à me faire, mais je me promets d'essayer d'accepter leurs décisions, de faire preuve de tolérance et de maintenir, à tout prix, le dialogue entre nous.
Jamais (ou très rarement) ma maman ne m'a fait des compliments pour ma famille, le fait que je travaille encore avec 4 enfants, que les "petits plats" soient des enfants plutôt sages et agréables à vivre, etc. Non. Par contre me dire que je la privais de SES enfants, si !
Désolée si cet article est très décousu, plaintif et pas très drôle. J'ai de la peine à mettre de l'ordre dans mes pensées car j'ai eu droit à la énième série de reproches ce week-end et je me sens si coupable. Je vais, sans doute, comme chaque fois, céder à sa pression. Je ne me sentirai plus mal après, mais j'aurai l'impression d'avoir gagné quelques points dans le coeur de ma maman.
* Pas d'illustration pour cet article. Rien ne m'inspirait ou n'était en mesure de résumer mon état d'esprit. Promis, je ferai mieux pour la suite ^__^
Ton texte me touche en plein dans le mille. Je suis dans le même cas que toi, du moins le même, quasiment. Mes parents habitent à 600 kms de chez moi et mes beau-parents à 140 kms, donc mes parents voient moins souvent ma fille. Et les reproches pleuvent, et à chaque fois je dois prendre mon courage à deux mains rien que pour les appeler. Alors oui, je compatis, je comprends et je t'envoie pleins de courage.
RépondreSupprimerPs : Nous on a réussi à refuser le baptême ^^, bon on a le droit à des réflexions de chaque côté hein :), mais on survit.
J'ai surtout l'impression que le lien entre vous deux n'est pas très solide: tu passais beaucoup de temps chez ta grand-mère alors que tu aurais pu le passer avec ta mère, tu n'as pas réussi à créer de lien avec ton frère, elle te reproche de ne pas lui laisser les enfants mais refuse quand tu le lui demandes, je pense que le souci ne vient pas que de toi. Elle a la famille qu'elle a créée. Je pense que si tu es attentive aux sentiments de tes enfants et à leurs liens, tu ne vivras pas la même chose (enfin c'est moi-même que j'essaye de persuader aussi en disant ça ;))
RépondreSupprimerAh la famille c'est toujours compliqué !
RépondreSupprimerTu dis "Je me rends bien compte que je fuis les conflits plutôt que de les affronter" , mais pourquoi s'infliger du km, de l'angoisse avant de les voir, des commentaires cassants, etc... Pourquoi t'infligerais-tu(vous) ça ? Ca n'est agréable pour personne, ni toi, ni ton homme, ni les enfants qui ont toujours des oreilles partout, ni ta maman sans doute non plus.
RépondreSupprimerEt surtout ce ne sont pas SES enfants, ce sont les TIENS, et tu fais ce que tu veux. Si ça ne lui plait pas, tant pis. Elle a fait ce qu'elle a voulu quand son temps est venu, avec ses enfants, elle a géré les choses comme elle pouvait, comme elle voulait. Si le résultat n'est pas à l'égal de de ses désirs, il ne faut pas qu'elle t'en rende responsable. Il y a trop de choses, dans une vie, pour lesquelles on a pas d'emprise qu'on ne peut pas rendre UNE personne responsable de son malheur.
Elle est terriblement injuste (méchante?) de te dire que tu es responsable de sa tristesse et qu'elle a consutlé à cause de toi. Ca a du être horrible pour toi d'entendre cela et surtout ce n'est pas vrai. Elle est adulte et responsable de sa vie et de ses choix, et si elle n'est pas capable de t'accepter telle que tu es, tu ne dois pas t'infliger ses commentaires.
Et si elle en a des regrets sur ses anciens choix maintenant, je suis desolée pour elle, mais elle ne doit pas t'en faire reproche par procuration. Par certains cotés ma maman est aussi comme ça, elle vit par procuration, elle me remercie "de lui avoir fait de beaux enfants" mais ce sont les miens pas les siens, et ça je lui ai bien précisé, pour qu'il n'y ai pas d'ingérance dans ce que je fais. Et si elle n'a pas assez profité de toi et ton frère étant plus jeune, elle n'a pas a réclamé aujourd'hui "SES" enfants pour "corriger"(?) ce qu'elle aurait fait avant.
Elle doit respecter tes choix, TE respecter, et t'accepter.
Et ne te culpabilise pas trop, tu n'es pas parfaite, elle non plus, tes enfants non plus, on fait tous comme on peux, avec nos sentiments, nos expériences, notre vie passée; nos choix sont les notres et ne doivent pas etre faits en fonction des autres.
Pardon d'avoir tant écrit, mais ton post a résonné en moi, et je ne pouvais pas ne pas te répondre.
Refuser franchement, nettement, clairement, ce genre de commentaires, je trouve que c'est comme faire un deuil, faire le deuil de la maman parfaite qu'on aurait aimé avoir, le deuil de la petite fille parfaite que nos parents auraient aimé avoir, le deuil de la petite fille qu'on aurait aimé être pour leur faire plaisir. Mais c'est aussi le début de la rencontre avec notre vrai personnalité, celle qui saura vivre en toute tranquillité avec tout ça, celle qui saura coupé ces chaines "toxiques" (sans couper les ponts non plus, hein), celle qui saura assumer tout ça, celle qui saura voir tout ça plus de distance, moins "d'affects". Enfin, c'est facile à dire, c'est dure à faire, mais je suis intimement persuadée que c'est totalement nécessaire.
Plein de courage à toi !
Que je me reconnais dans cet article.
RépondreSupprimerMoi, je ressens ça avec ma belle mère.
Avant l'arrivée de ma fille, ça se passait bien puis un jour...
On y va même si je n'ai pas envie d'y aller pour qu'elle profite de sa petite fille mais j'y vais sans joie.
Et jamais je ne la lui laisserai quelques jours, je n'ai pas confiance en elle suite à ses commentaires sur la façon d'éduquer mon enfant.
Ce jour là, elle a perdu beaucoup de points, je suis rancunière...
Et je ne m'excuse pas de ne pas venir plus souvent, c'est comme ça point.
C'est quand j'ai réalisé que MA FAMILLE (mon mari, mon enfant, moi) était vraiment plus importante que j'ai cessé de m'en faire pour les autres.